La marchandisation du travail social et ses injonctions déconnectées du réel ne sont pas inéluctables, pense la philosophe Anne Salmon. L’enjeu pour résister et réinventer des métiers épanouissants : recréer du collectif.
Basta! : Votre dernier ouvrage, Pour un travail social indiscipliné est « comme un hommage rendu au savoir-faire des travailleurs sociaux, dans un moment où ils sont particulièrement malmenés », dites-vous. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi cet hommage était important ?
Anne Salmon : Cette idée de livre est née de nos rencontres quotidiennes avec des travailleurs sociaux qui viennent suivre notre master recherche en travail social au Cnam (Conservatoire national des arts et métiers). Ce sont des personnes qui s’interrogent sur leurs pratiques et qui se demandent comment se positionner à l’égard des nouvelles commandes publiques devenues plus directives. Beaucoup d’entre elles se trouvent piégées dans des contradictions entre, par exemple, le temps prescrit pour faire leur travail dans le cadre des contraintes gestionnaires – une toilette en Ehpad, un entretien avec un usager, etc. – et le temps réel nécessaire à ces interventions en répondant aux besoins réels.