Topo de présentation du « 5 à 7 » du 20 mars 2018 à l’UL CGT de Besançon sur les sans-papiers :
Il est difficile de parler des sans-papiers sans parler d’abord, rapidement, de l’immigration. L’immigration a commencé dès les premiers âges de l’humanité, puisque fondamentalement nous sommes toutes et tous des descendants des premiers hominidés apparus sur les plateaux de l’actuelle Éthiopie. On ne va pas retracer toute l’histoire de l’immigration, ce qui serait toute l’histoire de l’humanité. Avec le développement, au XIXème siècle, du mode de production capitaliste, on voit se développer à la fois des centres urbains et industriels d’un côté et de l’autre une paupérisation des campagnes. Les habitants de ces campagnes partent en direction des villes pour espérer trouver du travail et un meilleur avenir. Et dès le XIXème siècle, on voit apparaître un discours xénophobes, toujours le même, à l’encontre des nouveaux immigrants. En 1850 par exemple, on peut lire sur une affiche colée sur les murs de Paris : « Des étrangers, les Savoyards, inondent la capitale. Cette peuplade envahissante porte un grand préjudice au pays. Ne serait-il pas temps d’y mettre un terme et d’arrêter ce torrent qui déborde sur la France ? » A l’époque, la Savoie ne faisait pas encore partie de la France, mais on trouve des discours identiques à l’encontre des Bretons, des Auvergnats, etc. Et à chaque crise, à chaque monté du chômage, on entend le même discours xénophobes, contre les Belges, les Italiens, les Polonais, les Juifs, les Espagnols, les Arabes, les Rroms, ou les Africains.
En 1895, Gustave Le Bon écrit : « Nos principes humanitaires nous condamnent à subir une invasion croissante d’étrangers. Ils n’étaient pas 400 000 il y a quarante ans, ils sont plus de 1 200 000 aujourd’hui, et ils arrivent en rangs chaque jour plus pressés. Si l’on ne considérait que le nombre d’italiens qu’elle contient, Marseille pourrait être qualifiée de colonie italienne.[…] Si les conditions actuelles ne changent pas, c’est-à-dire si ces invasions ne s’arrêtent pas, il faudra un temps bien court pour qu’en France un tiers de la population soit devenu allemand et un tiers italien ».