Bouches-du-Rhône : les travailleurs sociaux en grève reconductible
Posted by dsinterim sur mai 31, 2017
Ce 30 mai 2017, 80 % des éducateurs, assistantes sociales et psychologues de ces Maison de la Solidarité et des services associés de l’Aide Sociale à l’Enfance des Bouches-du-Rhône étaient en grève pour réclamer des places supplémentaires pour les enfants et les créations de postes nécessaires. Ces collègues ont également porté plainte contre le département pour violences sur mineurs.
Petite revue de presse :
France 3 Provence Alpes-Côte d’Azur, 30 mai 2017 :
Assistantes sociales, éducateurs spécialisés ou encore psychologues, ces travailleurs s’occupent de la protection de l’enfance. Tous estiment ne plus pouvoir faire correctement leur travail. Ils réclament la création de 30 postes ainsi que 200 places d’accueil supplémentaires pour les enfants.
Les travailleurs sociaux des Bouches-du-Rhône qui exercent dans les 22 maisons de la solidarité réparties sur l’ensemble du département tirent la sonnette d’alarme, ils estiment ne plus pouvoir faire correctement leur métier, à savoir la protection de l’enfance. Ils souhaitent obtenir une trentaine de postes supplémentaires ( assistante sociale, asssistantes familles, éducateur spécialisé, psychologue…) ainsi que 200 places d’accueil supplémentaires pour les enfants.
La Marseillaise, 30 mai 2017 :
Marseille : ces petites vies fracassées laissées en salle d’attente
A la Maison de la solidarité de la Belle-de-Mai à Marseille les travailleurs sociaux dédiés à la protection de l’enfance tirent le rideau et la sonnette d’alarme. Les centres du département sont saturés et ne sont plus en capacité d’accueillir les enfants placés.
« C’est la dernière fois que je fais ça. C’est plus possible. La direction de l’administration devra assumer ». Assistant dévoué à l’enfance de la MDS Belle de Mai, Thiebaud souffre visiblement, mis devant une mission impossible. Avec ses collègues et confrères des services sociaux attachés à la protection de l’enfance, il répond présent à l’appel au rassemblement devant le conseil départemental 13 et à la grève ce matin, lancé par la CGT pour dénoncer l’insupportable.
Car comment demander à ces assistantes sociales, psychologues et autres puéricultrices de rester étanches quand ils se retrouvent à écoper à ce point là les carences de l’institution publique ? Thiebaud a dû séparer trois enfants d’une même fratrie, de 3, 11 et 14 ans, en situation d’extrême violence dans leur milieu familial, faute de places disponibles dans les centres d’urgence. « Alors que le seul salut de ces gamins fracassés par la vie, c’est d’être ensemble », plaide, désemparé, le jeune homme.
Les dysfonctionnements du système de protection sociale atteignent une telle ampleur qu’un effet de vases communicants conduit à l’engorgement général. « Depuis des années on alerte sur le manque de places et de personnels mais les choix politiques vont à l’inverse. Les centres d’hébergement ne désemplissent pas, ce qui fait que les centres d’accueil en urgence sont eux aussi plein à craquer. On se retrouve à mettre des matelas au sol », explique Odile Duprey-Hoareau. Corinne éducatrice du secteur jeunes enfants témoigne également de « listes d’attente des dossiers avant la mise en placement. Du coup, nous sommes réduits à des pansements et les situations des familles se dégradent. Quand il faut un an pour un dossier d’un enfant de 18 mois, c’est dramatique! ».
Le Département en incapacité de respecter les décisions de justice
Encore moins admissible, « certains enfants dont la situation de mise en danger extrême dans le milieu familial est avérée, des minots pour qui la justice à décidé du placement immédiat avec la mise sous protection des services sociaux, restent chez eux. Et ça peut prendre jusqu’à deux mois quand un jour de plus est une prise de risque. Le Département est dans l’illégalité, sa responsabilité est engagée », estime Thiebaud. « On a le sentiment d’être à notre tour maltraitant. C’est de tout autre chose que ces enfants ont besoin. Et quand on sait que dans une carrière on peut retrouver à gérer une famille sur trois générations tant les difficultés non résolues se répercutent…». Les dégâts de cette politique d’abandon sont en effet incommensurables.
Rien d’exceptionnel à la MDS Belle-de-Mai cependant, la maltraitance est partout et ne connaît pas de frontière sociales. En France, « 2 enfants meurent de maltraitance chaque jour », rappelle justement Odile. Ces personnels estiment à 200 le nombre de places supplémentaires nécessaires sur les Bouches-du-Rhône. Il est plus que temps d’ouvrir les yeux et de réagir.
La Provence, 30 mai 2017 :
Éducateurs, psychologues et assistantes sociales ont déposé plainte hier contre le Conseil départemental pour « non-assistance à enfants en danger »
L’aîné a 3 ans, le benjamin 16 mois à peine. Retirés à la garde de leurs parents maltraitants, ces deux petits Marseillais « viennent de connaître quatre lieux de placement en trois mois » et ce n’est pas fini : « Ils seront bientôt séparés », désespère Delphine, assistante sociale à Frais-Vallon (13e). Ballottés de famille d’accueil en foyer de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), quel sera l’avenir de ces minots « aux besoins monstrueux » de stabilité « pour parvenir un jour à se restaurer » ?
Comme ses collègues des 26 Maisons départementales de la solidarité (MDS) des Bouches-du-Rhône, Delphine estime ne plus « pouvoir faire » son métier. Manque de moyens, de suivi, « on est dans le bricolage. C’est de la maltraitance institutionnelle », dénoncent les agents. De l’autre côté du miroir, voici dix ans, la rappeuse marseillaise Keny Arkana racontait déjà avec rage son propre parcours d’enfant cabossée par les foyers de l’ASE…
« En hôtels de passes »Hier, selon les syndicats, « 80 % » des éducateurs, assistantes sociales et psychologues de ces MDS et services associés étaient en grève pour dénoncer un système de la protection de l’enfance « à bout de souffle. Ce que l’on fait, c’est fabriquer les bombes humaines de demain », décrit Valérie Marque, déléguée CGT au Conseil départemental. Autour d’elle, devant ce commissariat de Saint-Just (13e) où elle a déposé plainte contre l’institution, « pour non-assistance à enfants en danger », ses collègues opinent.
Dans les Bouches-du-Rhône, ils sont en ce moment 3 193 mineurs, venus de tous les milieux, à être soustraits à la garde de leur famille sur décision d’un juge ; soit 593 cas de plus qu’en 2015. Troubles du lien avec le parent, négligence, maltraitance, abus sexuels : la « plus fine » identification de ces cas, toujours lourds, aurait « fait exploser » le nombre de placements. « Les moyens n’ont pas suivi », déplorent la CGT et la FSU.
Le nombre de familles d’accueil a, lui, spectaculairement décru : sur 650, 230 ont rendu leur tablier en moins de cinq ans. Plus de 70 postes d’éducateurs et assistantes sociales seraient aussi vacants. Quant aux foyers, ils saturent : « Parfois, on doit poser des matelas au sol. » Pauline, assistante sociale à Martigues, raconte le cas d’un petit de 3 ans, accueilli, faute de place, dans un centre pour ados, où il fut « brûlé » par les plus grands. À La Ciotat, Karine, psychologue, voit tous les jours ce jeune de 16 ans, qui, faute de prise en charge, « traîne jour et nuit dehors avec les SDF ». D’autres se remémorent, effarés, ces « hôtels de passes où on s’est aperçu qu’on logeait des mineurs ». Et tous évoquent ces « 27 enfants » pour lesquels un juge a prononcé une mesure de placement… Et qui attendent toujours une prise en charge. « Ils sont en grand danger », affirme Claudine Amoros, déléguée FSU.
Cela, le Conseil départemental le réfute. « Non, ils ne sont pas en danger, assure Brigitte Devesa, la conseillère départementale déléguée à l’enfance, qui impute « en partie » la saturation du dispositif d’accueil à la prise en charge de 437 mineurs isolés étrangers : « Depuis deux ans, insiste-t-elle, nous avons créé dix postes et recruté une trentaine d’auxiliaires. Nous allons continuer : mais examiner les candidatures, pour ces métiers qui relèvent du sacerdoce, prend du temps. » De même, « 87 places » d’accueil ont été créées et « d’ici la fin 2017, une centaine suivront ». Les syndicats en réclament 200, dont 50 en urgence absolue, et 30 postes sur les MDS.

Devant le commissariat à Saint-Just où une plainte pour « violences volontaires sur mineurs » a été déposée au commissariat
Mars Actu, 30 mai 2017 :
Foyers d’urgence surchargés, familles d’accueil en nombre insuffisant, manque de personnels accompagnants… En grève, des travailleurs sociaux de l’aide sociale à l’enfance dénoncent le manque de moyens et portent plainte contre l’État et le département pour violences volontaires sur mineurs.
Ils sont plus d’une cinquantaine de professionnels de la protection de l’enfance réunis devant le commissariat de Saint-Just lundi matin à 11 heures. Éducateurs spécialisés, psychologues, assistants sociaux, ils viennent déposer une plainte contre l’État et le département des Bouches-du-Rhône pour violences volontaires sur mineurs.
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