Mansor Taha Abdelmoemin vient du Darfour. Jusqu’au 24 octobre dernier, il vivait dans le plus grand bidonville d’Europe, la Jungle de Calais. Lorsque le gouvernement a décidé de procéder au démantèlement de ce « camp de la honte », Mr Bernard Cazeneuve – alors Ministre de l’Intérieur – s’est engagé à annuler les transferts « Dublin » (expulsion vers un autre pays de l’Union Européenne dans lequel leurs empreintes digitales ont été prélevées) des personnes acceptant de quitter volontairement la Jungle pour se rendre dans les Centres d’Accueil et d’Orientation (CAO). Mr Pascal Brice, directeur de l’OFPRA, accompagné de hauts fonctionnaires d’État, s’est ensuite rendu dans le camp afin de réitérer, en personne, cette promesse aux demandeurs d’asile.
Mansor Taha Abdelmoemin, comme des milliers d’autres personnes soudanaises, afghanes ou encore érythréennes, ont fait confiance au Gouvernement Français et ont accepté de quitter le camp, espérant enfin pouvoir se stabiliser quelque part. Suite à leur arrivée en CAO, Mansor et les jeunes hommes en provenance de Calais se sont activement mis à apprendre le français grâce au soutien de citoyens bénévoles venant quotidiennement les soutenir dans cette tâche et les aider à s’insérer au niveau local.
Cependant, deux mois et demi plus tard, un certain nombre de préfectures refuse de respecter les engagements de l’ancien Ministre de l’Intérieur. Dans la région de Besançon notamment, des mesures de réadmission « Dublin » sont actuellement en cours. Le préfet de Besançon et son secrétaire général se livrent à un « tri » inhumain qui n’a pas lieu d’être. En effet, le directeur de l’OFPRA en personne a accepté de recevoir et de traiter toutes les demandes d’asile des personnes en provenance de Calais, annonçant que 85% d’entre elles relevaient du statut de réfugié.