200 euros d’augmentation : Ce n’est pas que dans les DOM-TOM qu’il les faut !
Posted by dsinterim sur février 21, 2009
Avec l’assassinat de notre camarade Jacques Bino, militant de la CGT-G, le 18 février dernier, la grève générale en Guadeloupe a pris une tournure tragique. Si Sarkozy a osé verser des larmes de crocodile sur la mort de notre camarade, c’est le gouvernement et lui-même sont les principaux responsables du climat de violence qui s’est développé en Guadeloupe. Depuis le début de la grève, leur seule réponse aux revendications partagée par toute une population, une poignée de profiteurs mis à part, est le mépris et l’envoi de renforts policiers. Et si aujourd’hui, les médias insistent surtout sur les violences, on ne peut que se rendre compte qu’il n’était que peu question de la grève générale avant le drame, tout comme on n’évoque que peu le mouvement qui se développe aussi en Martinique et qui pourrait bientôt aussi toucher l’Ile de la Réunion. Le plus souvent, lorsqu’il est question de ces grèves, ce qui est mis en avant ce sont les « spécificités » des DOM-TOM. Que la Guadeloupe ou la Martinique soient plus touchées par le chômage et la misère est certes une réalité, mais la revendication principale des travailleuses et des travailleurs des DOM-TOM, une hausse de 200 euros pour les salaires, voilà une revendication qui n’a rien de spécifique aux Caraïbes ! En métropole aussi, nous serions nombreux à avoir besoin de 200 euros de plus par mois pour faire face à la hausse des prix !
La mise en avant des violences et non de la grève générale ou de la « spécificité » des DOM-TOM, et non du problème des salaires qui ne permettent plus de boucler les fins de mois, que l’on soit salarié en Métropole ou dans les Antilles, ne visent qu’à isoler nos camarades de Guadeloupe et de Martinique, et surtout à éviter que nous suivions leur exemple, c’est à dire une lutte déterminée et collective de l’ensemble du monde du travail, de tous les salariés, pour faire aboutir nos revendications ! Alors que l’on apprend que l’on offre, « généreusement », une prime unique de 70 euros bruts aux salariés de la convention 66 pour 2008, 200 euros d’augmentation par mois voilà bien une revendication qui nous parle ! Car, de la Guadeloupe à la Franche-Comté, il n’y a pas un seul salarié qui, face à la hausse des prix, n’a pas vu son pouvoir d’achat chuté ! Dans les DOM-TOM comme en Métropole, nous avons donc tout intérêt à nous battre, tous ensemble, quelque soit notre secteur d’activité, pour des hausses de salaires !
Voici donc quelques informations sur la lutte des salarié(e)s des DOM-TOM.
Communiqué de la CGT :
DOM/TOM ça suffit !
Il faut des réponses concrètes immédiates !Depuis plus de quatre semaines les travailleurs en Guadeloupe, et plus largement dans les départements d’Outre-mer, sont dans l’action sur des revendications « contre la vie chère ».
Aujourd’hui 18 février 2009, Jacques BINO, militant syndical du SNADJI CGTG, a été tué. C’est un acte odieux et intolérable. Le développement des violences sur l’Île de la Guadeloupe est la conséquence des tensions provoquées par l’absence de réponses aux revendications des travailleurs. L’intransigeance du Patronat et l’attitude de l’État ces derniers jours ont conduit au pourrissement de la situation dont ils portent la responsabilité.
Dans ces graves circonstances, la CGT exige que s’engagent, dans les plus brefs délais, de réelles négociations loyales et sérieuses avec les organisations syndicales représentatives des travailleurs dans tous les départements d’Outre-Mer. Comme la CGT et les autres Confédérations l’ont fermement indiqué au Président de la République lors de la rencontre à l’Élysée, des réponses doivent être apportées à l’ensemble des revendications exprimées par les organisations syndicales de Guadeloupe.
Cette exigence rejoint celle de l’ouverture de négociations partout dans l’ensemble des DOM/TOM comme sur l’ensemble du territoire national. Seules de véritables avancées sociales dans les DOM/TOM permettront à leurs habitants de vivre et de travailler dignement.
Pour exiger cette ouverture de négociations et apporter sa solidarité active à tous les habitants des DOM/TOM, la CGT appelle à des rassemblements dans toute la France dans l’unité syndicale la plus large, le samedi 21 février 2009.
A Paris, elle appelle à se joindre à la manifestation déjà prévue de la République à la Nation à 14 h.
Montreuil, le 18 février 2009.
Manifestation en hommage à notre camarade Jacques Bino, assasiné le 17 Février 2009 :
Un point sur la grève générale en Guadeloupe au 31 janvier 2009 publié par « Combat Ouvrier »:
Le point sur le mouvement
Après deux semaines de grève générale, les travailleurs de Guadeloupe à la tête de toute la population laborieuse ont engagé une lutte pour obtenir des améliorations de leur situation.
Ils ont mis en avant la revendication d’une augmentation de 200 euros des salaires, des retraites et des minima sociaux. Mais d’autres problèmes importants ont été soulevés. Le mouvement regroupé dans une alliance «Lyannaj kont pwofitasyon-LKP» (Alliance contre l’exploitation) réclame des baisses de prix sur les biens courants, sur les carburants (50 cts), la titularisation des précaires (après deux CDD, obligation d’embaucher et titulariser le salarié), arrêt d’abus sur les intérimaires, gel des augmentations des loyers et annulation de la hausse de 2,98%.
Bien d’autres revendications touchent d’autres catégories sociales: pécheurs, agriculteurs. La grève générale a soulevé aussi des problèmes de formation et de l’éducation. Les syndicats enseignants sont d’ailleurs en négociation permanente avec le recteur depuis le début du mouvement.
La force du mouvement en cours est incontestable plusieurs manifestations ont mis dans la rue des milliers de personnes (jusqu’à plus de 20000 certains jours, et ce vendredi 30 janvier entre 30 et 50 000). La présence permanente de centaines de gens toute la journée aux abords du siège de LKP, le maintien de la grève dans de nombreuses grandes zones d’emplois (centres commerciaux, zone industrielle de Jarry, services publics, pompistes etc.) montrent que ce mouvement a un bon enracinement populaire.
Face à lui, il y a deux types d’interlocuteurs. Il y a l’état (représenté par le préfet), les collectivités (conseils régional et général) qui sont censés répondre sur des revendications telles que la formation d’un SMIC guadeloupéen, la baisse sur les taxes et les prix du carburant, sur les transports, sur l’amélioration des revenus des handicapés etc. Et d’autre part, il y a les représentants du patronat à qui s’adresse particulièrement la revendication d’une augmentation des salaires.
Après quatre séances de négociation, on a tourné en rond et surtout tous ces gens-là ont passé leur temps à expliquer aux représentants des grévistes et de LKP à quel point leurs revendications étaient difficiles, voire impossibles à satisfaire. Le ministre Jego a même proposé de répondre d’ici mars et son représentant local le préfet a quitté la négociation. Pour l’instant LKP a proposé de négocier avec les collectivités et avec le patronat. Dans le même temps, dans certaines entreprises publiques, des négociations se poursuivent. A l’ONF, à Pôle emploi, dans l’éducation nationale, certains maires proposent de répondre pour leur commune aux revendications de LKP (cas des Abymes).
W. Angèle, représentant du MEDEF, persiste et signe: s’il se rend à une nouvelle négociation, ce sera pour expliquer, chiffres à l’appui, que le patronat ne peut pas supporter une augmentation de 200 euros; mais il ne fait pas du tout état des chiffres d’accumulation de profits, réalisés depuis des années sur le dos des travailleurs. Or l’état confirme l’exonération totale sur les charges sociales et leur donne même un coup de pousse. Les salaires seront exonérés de charges jusqu’à 1,4 SMIC et 1,6 SMIC dans l’hôtellerie. Vendredi et samedi, de nouvelles négociations vont s’ouvrir.
On ne sait pas ce qu’il en sortira mais quoi qu’il en soit, les travailleurs ont gagné pour eux-mêmes quelque chose: ils ont fait la démonstration qu’ils pouvaient réaliser un mouvement d’ensemble large et conscient. Cette arme de la grève générale entre désormais dans l’arsenal des travailleurs de Guadeloupe.
Face à un patronat arrogant qui tient bon, il faudra plus d’une lutte de ce genre pour changer le sort des travailleurs et des pauvres. Le patronat est arrogant et résistant parce qu’il sait pouvoir compter sur une force militaire puissante qui est totalement mise à sa disposition par le gouvernement. Si la grève générale continue, le préfet cherchera à prendre des dispositions pour casser la résistance des gérants de stations et des ouvriers pompistes, il tentera de s’opposer grâce à ses forces de répression aux actions menées par les piquets de grève et par la grève marchante. Celle-ci cherchera à maintenir la grève en allant d’entreprise en entreprise. Le patronat sait que le préfet est totalement disposé à mettre cette force à son service.
Mais il n’y a pas que lui contre les grévistes. Un grand nombres d’élus avec leur discours venimeux, hypocrite, prétendent comprendre les revendications de LKP mais estiment qu’on ne doit pas bloquer la Guadeloupe, que l’économie est en danger. Victorin Lurel, en la matière, remporte le pompon. Tous ses discours sont ponctués de l’affirmation que ce n’est pas la rue qui change les choses, que c’est les assemblées, les institutions. Il se prétend socialiste et n’a pas hésité à désigner le mouvement de grève comme étant de la chienlit et autres expressions du même genre. Mais ce prétendu socialiste, si hostile au mouvement et aux luttes des travailleurs, devrait savoir que tous les progrès sociaux ne se sont réalisés que de deux manières: sous la pression de la rue, des grèves, des manifestations, (diminution du temps de travail, congés payés, protection sociale etc.) ou lorsque à l’évidence, des progrès étaient indispensables pour permettre aux capitalistes d’améliorer leurs profits (école publique obligatoire, par exemple). Ces élus hypocrites prétendent qu’ils sont opposés à toute forme de répression, mais le gouvernement ne leur demandera pas leur avis pour le faire.
Alors, pour le mouvement de grève, il reste encore beaucoup de possibilités d’élargir la mobilisation. Comme le mouvement est très populaire, il peut faire appel à la capacité des gens de la population laborieuse et pauvre à s’organiser eux-mêmes, à répandre les luttes dans toutes les communes, à créer leur propre LKP local. Ils peuvent associer dans des collectifs LKP tous ceux dans la population, quelles que soient leur opinion, leur appartenance politique, qui veulent défendre par la lutte le programme de revendications.
Il faut que le gouvernement, les patrons et tous leurs sbires sachent qu’ils n’auront pas affaire à 10000 ou 20000 manifestants, mais à une masse de plusieurs dizaines de milliers de travailleurs, de pauvres, de petits paysans prêts à se dresser contre eux.
Nous sommes conscients d’être seulement au début d’une lutte qui devra se prolonger pendant des mois et des mois. Ce qu’apprennent aujourd’hui les travailleurs et les pauvres leur servira de tremplin pour de futurs combats. Et quelle que soit l’issue de la lutte actuelle, les faits sociaux, les souffrances, les blessures qui l’ont provoquée aujourd’hui, si elles ne sont pas réparées, provoqueront inéluctablement le surgissement de nouvelles luttes – espérons le – de plus en plus conscientes, de mieux en mieux organisées. L’avenir n’appartient pas à cette classe de possédants égoïstes qui ont les doigts crispés sur leur coffre-fort, qui ont un portefeuille à la place du coeur. Les êtres humains méritent mieux que cela, une société dirigée autrement que par ces gens-là, une société plus juste et plus fraternelle.
Photos de la manifestation du 24 janvier en Guadeloupe :
Guadeloupe, Martinique et Réunion : dépêche AFP du 10 février :
Le gouvernement affronte un conflit social de plus en plus dur dans les îles antillaises de la Guadeloupe et de la Martinique, paralysées par une grève générale, qui pourrait se propager à la Réunion, département français dans l’Océan indien.
Confirmant les craintes gouvernementales, le mouvement de grève générale contre la vie chère fait tache d’huile et touche les départements d’outre-mer (DOM) les uns après les autres: la Guadeloupe est paralysée depuis le 20 janvier, la Martinique est entrée dans sa deuxième semaine de grève, et la Réunion a annoncé une mobilisation pour le 5 mars.
Les leaders syndicaux et associatifs ont mobilisé sur le thème de la vie chère et les revendications sont très similaires d’un département à l’autre, au premier rang desquelles une augmentation de 200 euros des bas salaires.
A la Réunion, le plus peuplé des DOM avec 750.000 habitants, le mot d’ordre de grève comprend aussi une baisse de 20% des produits de consommation courante et une baisse de 5 euros sur la bouteille de gaz.
En Guadeloupe, d’où est parti le mouvement, les négociations ont été rompues jeudi soir en raison du refus de l’Etat de financer la hausse de 200 euros des salaires, qui doit selon le Premier ministre François Fillon être négociée entre partenaires sociaux.
Le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer Yves Jégo, qui effectue des allers-retours entre les Antilles et la capitale, a quitté Pointe-à-Pitre jeudi pour une étape à Fort-de-France, en Martinique, avant de regagner Paris.
Dans la capitale martiniquaise, il a exclu l’organisation d’une vaste consultation sur l’Outre-mer et prôné des « réponses pragmatiques« . « On peut aligner des millions et des milliards et les gens ne voient pas leur vie changer. Je crois qu’il faut apporter des réponses beaucoup plus pragmatiques« , a déclaré M. Jégo.
Une concession du gouvernement sur la question des salaires risquerait de l’exposer à la même demande en métropole, où les organisations syndicales préparent un « sommet social » avec le président Nicolas Sarkozy le 18 février, avant une nouvelle journée d’action nationale le 19 mars.
Manifestation en Martinique :
Article publié dans « Le Monde » le 12 février 2009 :
Après vingt-trois jours de grève, les discussions entre le Collectif contre l’exploitation (LKP), à l’origine de la grève générale affectant la Guadeloupe, et les deux médiateurs désignés par le gouvernement ont été interrompues, jeudi 12 février, selon un responsable du LKP.
Au cours de la journée, les deux médiateurs, Jean Bessière et Serge Lopez, étaient censés rencontrer séparément le LKP et le patronat local avant de tenter, dans un délai non précisé, de tenir une réunion rassemblant les deux camps. Mais le collectif était arrivé à la table des négociations mécontent, contestant l’existence d’un document diffusé par le gouvernement comportant « 131 points d’accord ».
« NOUS NE SOMMES PAS RESTÉS, ILS NE CONNAISSENT PAS LE DOSSIER »
Il semblerait en outre que l’ incompétence des médiateurs ait provoqué la colère des syndicats. « La rencontre avec les deux médiateurs a duré à peine cinq minutes, raconte Jean-Marie Nomertin, secrétaire général de la CGTG, une des composantes du LKP. Nous sommes arrivés pour discuter, nous ne sommes pas restés, ils ne connaissent pas le dossier. »
« Ils ne sont même pas au courant du nombre de points d’accord ni de leur contenu« , a-t-il ajouté, avant de lancer : « Ici, il y a des gens davantage compétents, des spécialistes de la Guadeloupe. Ce n’est pas la peine de faire venir des Parisiens pour régler le conflit. » Mercredi, le LKP avait encore durci le mouvement avec l’entrée en grève des personnels chargés de l’avitaillement pétrolier à l’aéroport international de Pointe-à-Pitre.
INCOMPRÉHENSION EN MARTINIQUE, GRÈVE PRÉVUE À LA RÉUNION
Cette rupture des négociations intervient alors que le secrétaire d’Etat à l’outre-mer, Yves Jégo, a quitté la Guadeloupe pour la Martinique, jeudi, où un mouvement similaire a débuté depuis une semaine. Il a atterri en répétant que son programme sera « de l’écoute, de l’écoute, de l’écoute« . Il a rencontré le collectif rassemblant les 13 syndicats à l’origine de ce mouvement social « contre la vie chère et pour l’emploi » et doit leur faire parvenir ses propositions par écrit prochainement.
M. Jégo est attendu à Paris dans la soirée de jeudi, afin de participer au conseil des ministres demain. « Je reviendrai dès qu’il le faudra pour apporter des réponses« , a-t-il assuré sur Europe 1, estimant par ailleurs que « le collectif des revendications de la Martinique est moins bien organisé que celui de Guadeloupe« . Des propos qui ont provoqué la stupéfaction chez les leaders syndicaux martiniquais.
« Nous n’acceptons pas ces propos-là. De la même manière qu’il a quitté la Guadeloupe de façon cavalière, il arrivait en Martinique de façon tout aussi cavalière« , a estimé le président du collectif, Michel Monrose. L’organisation, qui a obtenu une baisse de 20 % sur cent produits de base, demande également une baisse des prix de certains services, comme l’eau ou l’électricité. « Nous ne nous faisons guère d’illusions« , tient tout de même à préciser M. Monrose.
A la Réunion, enfin, un collectif rassemblant les principaux syndicats, les partis de gauche et des associations a appelé à une journée de grève générale le 5 mars. Parmi ces revendications, « une augmentation de 200 euros nets sur les salaires, les minima sociaux, les retraites et les bourses étudiantes« , une baisse de 20 % sur « les produits de consommation courante« , un « gel des loyers sociaux » et une « baisse de 5 euros sur la bouteille de gaz« . « Ce qui nous fédère, c’est notre opposition à la politique actuelle du gouvernement. Nous allons créer un rapport de forces« , a assuré Eric Sorret, un porte-parole du collectif.
Mobilisation à La Réunion :
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